October 21, 2020 | Working Paper
  • Type of publication: Working Paper
  • Research or In The Media: Research
  • Research Area: African Development Policy
  • Publication Date: 2020-10-21
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    • Add Authors: Jean Merckaert
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Part of PERI's series on Capital Flight from Africa
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Synthèse


La filière cacao est le poumon de l’économie ivoirienne depuis que le pays a acquis son indépendance. La Côte d’Ivoire est aujourd’hui le premier producteur de cacao au monde (40%). Au cours des deux premières décennies après l’indépendance, l’impressionnante croissance économique du pays a été alimentée par les exportations de cacao. Le miracle ivoirien a néanmoins pris fin avec l’effondrement des prix du cacao et la flambée de la dette. Le pays a sombré dans une grave crise économique, suivie d’une crise politique, laquelle a abouti à une guerre civile au début des années 2000.

Le secteur primaire des produits de base en Côte d’Ivoire s’est montré très vulnérable aux flux financiers illicites. Des écarts importants et persistants entre les chiffres du cacao exporté de Côte d’Ivoire et les chiffres du cacao importé par les principaux partenaires tels que les Pays-Bas, l’Allemagne et la France suggèrent qu’il se produit une substantielle fuite de capitaux.

Articulée autour de quatre grandes périodes de l’histoire politique ivoirienne, cette étude analyse les évolutions des flux financiers illicites dans la filière cacao, les mécanismes de captage de la rente tirée des ressources ainsi que d’enrichissement personnel qui les alimentent, les principaux acteurs nationaux et étrangers, et leur responsabilités. Sous le régime Houphouët-Boigny (1960-1993), à travers la gestion de la Caisse de stabilisation et de soutien des produits agricoles du pays, dite « Caistab », le président contrôlait pleinement la filière cacao et s’en servait pour son enrichissement personnel ainsi que celui de ses associés. Lui et son successeur Bédié (1993-1999) étaient de connivence avec des entreprises d’exportation dont les dirigeants politiques ivoiriens étaient actionnaires. Sous Gbagbo (2000-2010), la rente du cacao fut l’une des principales sources de financement de la guerre civile. Les techniques des Forces nouvelles dans le Nord et du gouvernement dans le Sud étaient similaires : taxer la production et les exportations de cacao, et exporter illégalement une partie de la production vers le Burkina Faso et le Ghana voisins. Sous le régime Ouattara (2011-2020), malgré une série de réformes visant la bonne gouvernance, la filière cacao est restée fortement concentrée entre les mains de quelques géants de l’agroalimentaire et rongée par le favoritisme. D’autres secteurs connaissent, eux aussi, des comportements de prédation persistants. Cette fuite des capitaux ininterrompue laisse penser que l’économie politique du cacao reste, encore aujourd’hui, profondément marquée par l’héritage colonial. Qu’elle soit dirigée par l’État ou par le marché, dominée par des acteurs étrangers ou nationaux, la filière cacao ivoirienne est restée la source d’accaparement des richesses préférée d’une poignée de membres de l’élite. Il est essentiel que la Côte d’Ivoire dépasse sa dépendance aux produits de base pour amorcer un développement équitable.

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